Thursday, January 5, 2012

Déclaration conjointe de quatre ministres des affaires étrangères de l’Union européenne sur la Biélorussie (22/12/2011)

Il y a maintenant un an, le Président de Biélorussie, Alexander Loukachenko, brisait les promesses faites à son peuple et à la Communauté internationale, et selon lesquelles il allait travailler à la réalisation d'un environnement plus libéral  de son pays. Néanmoins, le soir du 19 décembre 2010, nous avons été témoins de brutalités commises par la police contre des manifestants qui protestaient pacifiquement contre sa réélection truquée. Pourtant, avant les élections, Loukachenko avait montré quelques signes encourageants de changement en faveur d’un pluralisme réel et l'adoption de normes européennes raisonnables.

L’Union européenne a salué ces signes, proposant même de nouveaux espaces de coopération avec la Biélorussie afin de concrétiser ces progrès. Au lieu de cela, nous avons assisté à l’arrestation de plusieurs centaines de manifestants innocents, ainsi qu’à des condamnations à des peines de prison à l'occasion de procès douteux visant parmi ceux-ci certains candidats à la présidence ayant commis, pour seul crime, celui de contester  son élection. Non content d'opprimer les dissidents politiques,  Loukachenko a cherché à réprimer ceux qui avaient tenté de les défendre, emprisonnant le respecté défenseur des droits de l’homme, Ales Byalyatski, pour une durée de quatre ans et demi au motif, monté de toutes pièces, d'une évasion fiscale.

Puis, il a modifié la loi en rétrécissant encore plus la quasi-inexistante liberté d’expression politique et d'activisme civique. Des individus courageux souffrent actuellement en prison de traitements inhumains parce qu’ils refusent de céder à des tentatives les obligeant à se « confesser » à propos de crimes qu’ils n’ont pas commis. Nous sommes très soucieux de leur sort, concernant notamment Andrei Sannikov, Mikalai Statkevich, Zmitser Daskevich et de Dzmitry Bandarenka.

Trop occupé par les actions visant à éliminer toute résistance, le régime a perdu de vue la gestion d’une économie en très mauvaise santé et n’a pris aucune mesure visant à  stimuler la croissance économique via sa modernisation. Les résultats sont une inflation galopante ainsi qu’une grave dévaluation de la monnaie, menant à une baisse du niveau de vie.

Une politique de privatisation et d’encouragement aux entreprises privées serait la solution clé pour que l'économie de la Biélorussie s’établisse sur une base solide et durable, mais Loukachenko refuse de le faire. Environ 70% des Biélorusses travaillent pour l’État et pour la plupart sont soumis à des contrats renouvelés tous les ans. Ce qui constitue une arme formidable au service d’un contrôle quasi-totalitaire. Face à la répression  persistante de Loukachenko contre son propre peuple, nous n’avons d’autre choix que de demander le renforcement des mesures de l’UE visant  la Biélorussie, que ce soit par le moyen de sanctions visant le régime que par celui du soutien à la société civile biélorusse. Nous allons aussi insister pour obtenir des sanctions plus sévères de la part de l’UE, visant les responsables des abus contre les droits de l’Homme et ceux qui soutiennent financièrement le régime, en  épargnant les citoyens ordinaires de ce pays. Au même moment, l’UE va augmenter encore son soutien en faveur d'un dialogue avec les organisations de la société civile, ainsi qu’avec les forces démocratiques de ce pays, les aidant à surmonter les obstacles mis sur leur chemin par le régime.

L’UE ne cherche pas à remplacer les relations régionales de la Biélorussie, mais bien à les élargir et à les compléter. Nous avons besoin d’améliorer l’ensemble des mesures d’assistance de l’UE afin d'aider ce pays, une fois qu’il aura choisi de suivre le chemin de la démocratie, du respect des droits de l’Homme et de l'état de Droit. Entre-temps, nous allons poursuivre notre travail afin de vaincre la résistance du régime pour obtenir une réelle amnistie et la réhabilitation de tous les prisonniers politiques, ainsi que de contrer ses tentatives d’isolement par rapport à ses voisins européens. Il ne peut y avoir de futur lumineux pour la Biélorussie tant que sa direction tire le pays vers le bas. Il devrait revenir au peuple de Biélorussie de décider quel sera son avenir. Nous continuerons à faire en sorte que les conditions soient réunies pour permettre que ce choix soit fait librement.

Le 22 décembre 2011 


Guido Westerwelle,
Carl Bildt,
Radoslaw Sikorski,
William Hague.

(Ministres des Affaires étrangères d'Allemagne, de Suède, de Pologne et de Grande-Bretagne)